Montandon Aimé
(1913-1985)
Huile sur toile
Oeuvre signée très discrètement en bas à droite
(Nous avons une autre version du même paysage sur une toile à gros grains)
50 cm x 61 cm
En parfait état
Sans cadre
Oeuvres d'Aimé Montandon en vente sur notre site
Ref: E157-09
Aimé Montandon (1913-1985)
Ci-desous un article paru dans la Revue neuchâteloise numéro 2 (mars 1958)
Ci-dessus un article paru dans la Revue neuchâteloise numéro 2 (mars 1958)
Imagination et lucidité (*)
Il est bien vrai qu'Aimé Montandon a totalement inventé le monde de sa gravure. Puisqu'il n'a jamais rien vu. (1)
Mais on n'invente que ce qu'on perçoit au fond de soi-même.
Que veut dire inventer pour Aimé Montandon ? Mettre au jour la part hantée, d'ombre et de pénombre, de chaque être humain. Ce qui est et fait chacun de nous, au-delà de l'Histoire, de la Religion, et même du Mythe. Aimé Montandon fouille, creuse l'immémoriale nuit qui gît en nous et qui de son poids nous féconde des actes les plus démentiels comme des plus élevés.
Aimé Montandon donne au mot invention son origine première (invenire) : trouver. Creuser et trouver. Toute la force expressive de l'oeuvre tient dans ces deux termes, ce dialogue. Aimé Montandon, dans tout son travail, n'a fait que trouver, sinon retrouver les ombres constitutives de la profonde réalité humaine.
Graver, ici, c'est pratiquer l'archéologie de l'âme. C'est remonter le temps, éclairer la préhistoire du Mal. Et l'on débouche dans le présent le plus actuel : cette fin de XXe siècle, avec ses terrorismes, ses guerres, ses massacres, ses génocides sur tout le globe, est le plus noir de toute l'histoire de l'humanité.
L'imagination d'Aimé Montandon, c'est sa terrible lucidité. Surgie de la morsure sans cesse répétée de l'acide rongeant le cuivre. A l'image d'un cancer rongeant l'âme des hommes pourrissant sur eux-mêmes. Terriblement lucide. Malgré lui. Le grand graveur est celui qui grave au-delà de lui-même. En aveugle.
Obéissant à une voix intérieure qui lui dicte à suivre et surtout celles à ne jamais prendre. Dans cette obéissance aux forces de l'inconscient est l'acte salvateur suprême : perdant l'homme, il sauve l'oeuvre.
Et l'oeuvre est alors plus qu'elle-même : elle devient témoignage d'une époque, comme le témoignage de toutes les époques. En elle peut se reconnaître, même si elle s'y refuse, la collectivité. Et ce refus de s'y confronter constitue, bien entendu, la vérité même de l'oeuvre.
(1) Rappelons qu'Aimé Montandon n'a jamais été en Amérique du Sud, par exemple, pays dont il «décrit» les atmosphères.
(*) Texte de Sylvio Acatos tiré de Aimé Montandon, L'Age d'Homme, Lausanne, 1982.