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EDMOND BILLE (1878-1959) ![]() Edmond Bille, peintre illustrateur et verrier suisse né le 24 janvier 1878 à Valangin (canton de Neuchâtel) et décédé le 8 mars 1959 à Sierre (Valais). Edmond Bille passe une partie de son enfance à Dombresson (NE). En 1892, à l'âge de 14 ans, il séjourne une année à Winterthour, où il est confronté à l’industrie et aux inégalités sociales. En 1893 élève au gymnase scientifique à Neuchâtel, où enseigne notamment l’écrivain et critique d’art Philippe Godet De 1895 à 1897 il s'inscrit à l’École des beaux-arts de Genève, où il est l’élève de Barthélemy Menn, et d'Hugues Bovy pour la classe de modelage. Il y rencontre Edouard Vallet, et se lie avec Henri Demole. Edouard Castres et Louis Dunki influencent sa peinture et ses l’illustrations militaires de l'époque. D’octobre 1895 à mai 1896, fréquente l’Ecole des arts décoratifs de Paris, avec son colocataire Charles L’Eplattenier. Fait la connaissance d’Eugène Grasset et d’Ernest Biéler. En 1896 il participe au concours pour l’affiche et pour la couverture du journal de l’Exposition nationale suisse. Publie et illustre son premier article: «Le vieux "couvent" à Dombresson» dans la revue Musée neuchâtelois. En été visite l’Exposition nationale suisse à Genève; enthousiasme pour le Village suisse. Second séjour à Paris entre Octobre 1896 et avril 1897 où il fréquente l'Atelier Julian, sous la direction de Benjamin Constant et de Jean-Paul Laurens. A Paris il fréquente également l’Atelier Colarossi. Eugène Grasset le persuade de rentrer en Suisse. 1897 : Premier séjour en été dans le val d’Anniviers en compagnie de son père. Renonce à rentrer à Paris en automne. Deux anciens camarades de l’Atelier Julian, Jakob Herzog et Hans Widmer, l’invitent à partager leur chalet à Brienzwiler dans l’Oberland bernois où il y séjourne de septembre 1897 à mai 1898.
* Lettre d'Edmond Bille à sa mère (1897)
Brienzwyler, ce 18 nov. 1897 Ma chère Maman, cette fois c’est dans l’atelier que je t’écris ; il est terminé depuis midi et nous y serons la plupart du temps. Nous y travaillerons et nous y prendrons les repas depuis demain ; cet atelier est assez grand pour nous trois. Afin d’éviter les reflets du bois blanc nous avons verni au brou de noix les parois et le plafond et maintenant tout ce bois est d’une belle couleur brun chaud… Qu’il y a de belles choses à faire ! Je ne peux pas me figurer qu’il existe des gens qui ne veulent pas croire qu’on peut faire de l’art et apprendre quelque chose dans un petit village ; « après Paris, les ateliers et les professeurs, il n’y a plus rien » nous dit-on volontiers. Bêtise ! On ne fait des progrès, on travaille avec fruit que dans un milieu où l’on se plaît et où l’on se sent soutenu par tout ce que l’on a sous les yeux; j’aime notre nature grandiose, je la comprends et je voudrais la rendre comme je la sens. Pour travailler dans ce but, ne suis-je pas mille fois mieux ici qu’à Paris ? Non pas que je croie qu’un peintre doit vivre sans cesse à Brienzwyler ou au Val-de-Ruz, il faut voir de temps en temps du nouveau, aller se retremper souvent vers les vieux maîtres qui nous apprennent tant de choses. Je compte bien revoir le Louvre souvent ; j’espère faire quelques voyages, plus tard…
Premières commandes importantes 1898 : Signe sa première affiche, pour le Tir fédéral de 1898 à Neuchâtel. Enseignant remplaçant de dessin au collège du Locle. Rend visite à l’écrivain T. Combe. Publie sa première critique d’art, dans le National Suisse, sur le peintre Rudolf Koller. Octobre 1898 à mars 1899, second séjour à Brienzwiler avec Hans Widmer. 1899 : Prend part pour la première fois aux expositions des sociétés des amis des arts de Neuchâtel (1899-1958) et de La Chaux-de-Fonds (1899-1948). Participe également pour la première fois aux expositions collectives zurichoises du Künstlerhaus, avec deux peintures: Village suisse et Automne. En automne, entre dans l’atelier du verrier, émailleur et mosaïste anglais Clement Heaton à Neuchâtel, qu’il quitte après quelques mois. Chandolin et le Val d'Anniviers C’est à la fin 1899 que son destin va basculer avec la découverte du village de Chandolin, dans le Val d'Anniviers. De décembre 1899 à février 1900, séjour à Chandolin pour y peindre une vue singulière du Cervin, Le Sphynx, commande du pasteur Fritz de Rougemont. Il habite à la cure chez le curé Joseph Pralong. 1900 : Présente le tableau Le temps des fenaisons dans la section suisse de l’Exposition universelle de Paris. Première participation à l’Exposition municipale de Genève (1900-1907). 1901: Membre de la Société des peintres et sculpteurs suisses. Participe pour la première fois à l’Exposition nationale suisse des beaux-arts (1901-1936). Prononce une conférence sur «Les Hautes Alpes et leurs habitants». Second séjour à Chandolin en hiver 1901/1902. On le dit personnage turbulent, avant-gardiste, s’exprimant sans aucune gêne ; ce Neuchâtelois protestant surprit quelque peu les Valaisans conservateurs. Il faut dire ici que notre peintre a tellement été séduit par la sauvage beauté des paysages valaisans qu’il se fixa définitivement dans ce canton. C’est déjà en 1904, lors de son premier mariage, qu’Edmond BILLE s’installe à Sierre. Il y mourra le 8 mars 1959, âgé de quatre-vingt-deux ans ; la rue qui conduit à son atelier-château porte désormais son nom.
Le Valais, pays d'élection du peintre Edmond Bille Dès 1904, à la suite de sa découverte de Chandolin, le Valais devient son pays d’élection : Bille se construit un une somptueuse demeure à Sierre, le « château du Paradou », ainsi qu’un chalet à Chandolin. Cette même année, il épouse Elisa Mayor, de Clarens; le couple s’installe à Sierre. En 1911, Elisa Mayor meurt. Edmond Bille se remarie en 1912 avec une femme de la région, Catherine Tapparel. En 1912, elle donne naissance à Stéphanie Bille, connue sous le nom de plume de S. Corinna Bille, ainsi qu'à René-Pierre Bille et André, décédé en 1985. Pendant la Première Guerre mondiale, Bille est très actif. Il s’engage à travers des publications critiques sur la politique suisse de ce temps. Dans sa résidence sierroise, il reçoit des personnalités françaises antibellicistes, autrefois proches du groupe de l'Abbaye : Romain Rolland, Pierre Jean Jouve ou René Arcos. Il est à l'origine de la création du périodique satirique L'Arbalète, éditée à Lausanne par La Tribune de Lausanne, entre juillet 1916 et décembre 1917 (soit 34 livraisons). Durant l’entre-deux-guerres, il met cependant son activité de peintre de chevalet en veilleuse, au profit de la technique de la gravure qu'il a découverte, ainsi qu'à l'art du vitrail. Au Portugal Edmond Bille réside au Portugal de 1935 à 1942. Il utilise diverses techniques telles que la gouache, l'aquarelle et la gravure. Il pratique aussi le vitrail et la mosaïque. Son œuvre de peintre est montrée dans les plus importantes expositions de son temps, aussi bien dans les grands rendez-vous internationaux (Pittsburgh, Venise, Munich) que nationaux. Il a participé à plus de 250 expositions au cours de sa vie. De nombreuses institutions publiques conservent des œuvres d’Edmond Bille: notamment le Musée d’Art de Sion, qui possède la collection la plus complète, le Musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel, le Kunstmuseum de Soleure, le Musée d’Art et d’Histoire de Genève, le Musée Jenisch de Vevey, le Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. Un certain nombre des œuvres de ces musées sont des dépôts de la Confédération. Caricaturiste et illustrateur En 1907, il illustre "Le Village dans la montagne" de Charles-Ferdinand Ramuz. En 1915, il publie "Au pays de Tells", volume de dessins satiriques. En 1916-1917, il lance "L'Arbalète" - revue satirique et pacificiste - avec Paul Budry, Victor Gottofrey, Charles Clément et Maurice Hayward. En 1919 il publie un recueil d'estampes, "Une Danse macabre".
Les vitraux d'Edmond Bille Il a créé les vitraux du déambulatoire de la cathédrale de Lausanne et en 1935 les vitraux et les peintures de l'église de Fully (VS) avec l'aide de Joseph Gautschi, Albert Chavaz (que Bille a engagé en 1934 pour un projet à l'église de Fully et Paul Monnier. Entre 1950 et 1956, Edmond Bille signe la grande série de vitraux de la basilique de l'Abbaye territoriale de Saint-Maurice d'Agaune, qui illustre notamment des scènes du martyre de Maurice d'Agaune et de sa légion thébaine. On trouve aussi ses vitraux dans d'autres églises, notamment à Sierre, Chamoson, Chandolin, Saint-Pierre de Clages, Saint-Blaise. Il a également travaillé à la décoration murale de l'église de Fully. Edmond Bille est reconnu comme l’un des meilleurs peintres et verriers de son temps. Décorateur d’églises, il laisse plus de cent-vingt fenêtres imagées dans la première moitié du XXe siècle.
* Histoire d'un tableau peint par Edmond Bille
«… pour Monsieur Frédéric de Rougemont, pasteur à Dombresson, les grandes cimes semblaient des sommets redoutables mais peu attirants, aussi c’était au Cervin qu’il revenait toujours. Ah ! le Sphinx, murmurait-il, l’étrange Sphinx de ces pyramides ; il y en a de plus hautes, mais cette étonnante borne les écrase toutes. » Ce matin-là, écrit Bille, M. de Rougemont et moi avons grimpé très haut et nous nous reposions, dans un paysage désertique, impressionnant comme un décor des premiers âges. Mon vénérable compagnon se tourna vers moi : « tu vas me quitter tout à l’heure. J’ai une idée… quelque chose à te proposer. Tu en feras ce que tu voudras. – Je vous écoute, dis-je, pressentant un sermon paternel… – Edmond, je te propose de ne pas quitter cette vallée avant d’avoir vu Chandolin. Tu monteras à deux cents, trois cents mètres plus haut que les derniers aroles, au-dessus du village. De là, tu verras le Cervin, tel qu’il m’est apparu vers la fin d’un beau jour comme aujourd’hui. II ne ressemble à rien de ce que nous connaissons. Tu ne verras que lui ; c’est un sphinx accroupi au milieu d’un cirque de cimes et de glace, un roi des neiges. Prends ton temps. Essaie défaire un croquis de ce fond du Val d’Anniviers. Ce sera du jamais vu. Avant l’hiver, à ton retour, tu me feras voir ce que tu a rapporté de là-haut. Il ne me restait plus qu’à tenir ma promesse, grimper à trois cents mètres, même un peu plus haut pour admirer ce fond de vallée qui avait fait vibrer le cœur de mon vieil ami et mécène. Je fis sans grand plaisir le croquis proposé. « Le Sphinx » fut exposé selon le désir de son mécène. Il ne trouva pas d’amateur, ni pour dix mille francs, ni même pour les deux mille que j’eusse rendus avec joie à mon généreux prêteur. Par contre, le pasteur de Dombresson, qui m’avait fait partager sa passion pour le Sphinx vu de Chandolin, avait fait beaucoup plus et mieux que d’accepter le parrainage de cette première œuvre. D’un doigt paternel, il avait tracé ma voie, mais il ne se doutait pas alors que cette voie n’était autre que celle de ma destinée… Edmond BILLE avait fait son instruction religieuse à Dombresson où son père dirigeait l’institution Borel; cela explique qu’il ait été catéchumène du pasteur de Rougemont.
* « LE VILLAGE DANS LA MONTAGNE » Oeuvre conjointe de Charles-Ferdinand RAMUZ et d'Edmond BILLE Lors d’un séjour à Chandolin durant l’hiver 1901-1902, Edmond Bille, déjà imprégné de la vie rude des montagnards valaisans, mûrit le projet d’illustrer le livre que lui écrirait un poète. En automne 1906, Bille entre en relation avec l’éditeur lausannois Payot, ceci pour une parution sur le hautes Alpes. A partir de là, Bille dresse une liste des activités des gens de Chandolin, les tourmentes de l’hiver, les outils, les veillées ; il fixe un plan et envoie à Charles-Ferdinand Ramuz sa demande de collaboration. Ramuz s’y intéresse et fait un bref séjour à Chandolin. Durant l’été 1907, l’écrivain-poète s’est suffisamment pénétré de l’âme valaisanne pour accepter d’écrire conjointement aux dessins d’Edmond Bille pour leur livre Village dans la Montagne mais Ramuz ne doit pas écrire des légendes pour les illustrations de Bille et, de son côté Bille ne doit pas accompagner de dessins les pages écrites par Ramuz. Par leur existence et leur esprit propre, leurs deux arts doivent se compléter. L’œuvre paraît en décembre 1908. L’accueil est favorable. Les critiques insistent sur la complémentarité du texte et de l’image, précisant combien l’un et l’autre ont leur existence propre ; Bille et Ramuz ont réussi leur collaboration. * Source : https://www.sngenealogie.ch/
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