Ouvrage d'Henri Bosco (1888-1976)
illustrations de Jacquemin André
(1904-1992))
Roman d'Henri Bosco publié en 1945 et ayant reçu le prix Renaudot la même année.
Avec 73 pointes sèches d'André Jacquemin : 15 en-têtes, 45 in-texte, 12 culs de lampe et une vignette de titre.
Avec une pointe sèche originale signée au crayon dar André Jacquemin : partie d'un village de Provence avec campanile - feuillet de 4 p. offert aux Francs-Bibliophiles.
Editions : Les Francs Bibliophiles, 1948, Paris
Poids de l'ouvrage : 3,7 Kg
Fort in-4 en feuilles (32,8 x 25,6 x 7,5 cm) de 344 (8) pp.,
Couverture rempliée de papier chiffon, sous chemise dont le dos, lisse, est recouvert d'un tissu grège, avec quelques salissures (la chemise et l'étui ont le mérite de protéger l'ouvrage) + emboîtage.
Tirage à 160 exemplaires, tous sur vélin pur chiffon du Marais.
Notre exemplaire est le numéro 143
Le roman a été adapté au cinéma dans le téléfilm Le Mas Théotime (1995) de Philomène Esposito avec Jean-Claude Adelin et Florence Thomassin.
Réf: https://www.henri-bosco.com (bibliographie, textes, liens et catalogue)
"Henri Bosco était tout l'opposé de Giono : un homme réservé, mystérieux, bien que fort attachant.
Pendant près de trois ans, chaque été, j'avais pris plaisir à lui rendre visite, ainsi qu'à sa chère épouse Madeleine, dans leur pays de Lourmarin.
Le merveilleux texte, que j'avais la charge d'illustrer, m'avait permis de découvrir et d'exprimer la beauté sauvage des monts du Lubéron, des rives de la Durance.
A cette époque, Bosco se faisait construire un petit bastidon, dont les travaux n'en finissaient pas. Désespérant de le voir un jour achevé, il affichait pourtant une bienveillante compréhension à l'égard des deux maçons coupables : le temps était si beau, ces jours derniers, pour aller pêcher à la Durance..."
Le Mas Théotime
C'est un livre à la première personne, écrit par le héros lui-même, au coeur du drame où il est pris.
La scène, sans date, est située en Haute-Provence, dans un vieux domaine paysan dirigé, au milieu de ses fermiers, par le possesseur de la terre, le jeune el mystérieux Pascal Dérivât, fidèle à sa race et au sol, mystique épris de solitude et de pureté, à la recherche de la paix de l'âme, difficile a trouver même à la campagne.
Ses premiers soucis sont matériels, du fait d'un voisin mal commode, son cousin Clodius, homme rapace, violent, peut-être même un peu sorcier, lui aussi passionnément attaché aux choses de la terre, et qui veut par tous les moyens s'emparer du bien de Pascal, après l'avoir contraint à abandonner son exploitation rendue impossible par tant de procès, de querelles, de méchantes affaires de bornage, de pacage ou d'irrigation.
Pascal tient bon, fort de son droit, jusqu'à tant qu'arrive pour lui demander refuge et s'installer secrètement chez lui une parente autrefois aimée dans son enfance, la romanesque Geneviève, longtemps perdue de vue, après une existence mouvementée.
La présence de la jeune femme au mas Théotime n'échappe pas au rusé Clodius, qui, par son bavardage malveillant et spéculant sur le scandale, croit rencontrer là l'occasion d'abattre le voisin haï.
Ses manœuvres ne font toutefois que donner l'alarme au mari, que Geneviève fuyait quand elle est venue chercher un asile au mas de Pascal. Et c'est Clodius qui sera tué par le jaloux, qu'il a imprudemment reçu à coups de fusil...
Jusqu'ici, le récit coulait lentement, les faits réels mêlés aux rêves de Pascal, dans sa minutieuse relation et l'analyse de ses sentiments depuis la rentrée de la jeune femme dans sa vie. Car Pascal est un pur à l'âme compliquée, à la fois passionné et chaste, ce qui rend pour lui malaisée la vie en commun, sous le même toit, avec une belle créature qu'il aime et dont il est aimé, sans rien désirer ni donner...
Le meurtre de Clodius fait tourner le livre et précipite l'action. L'assassin s'est réfugié chez Pascal, qu'il voulait tuer au lieu de Clodius; et c'est Pascal qui lui permettra de se sauver, en emmenant Geneviève consentante; Pascal un moment accusé du meurtre de son cousin, avec lequel on connaissait sa mésentente.
Mais l'innocent sera tiré de ce mauvais pas par le testament même de Clodius, qui fait de son rivai son héritier, par amour de cette terre qu'il voulait lui prendre. Puisqu'il n'a pu reconstituer d'un seul tenant le domaine qu'il convoitait, qu'un autre - au besoin l'ennemi - assure cette réunion dans une même main !
La seule condition mise par Clodius à cette surprenante générosité posthume est d'être enterré devant sa maison, pour y demeurer à jamais associé, dans la mort, à cette continuité de la terre qu'il avait vainement rêvé d'assurer...
Source : extrait de https://www.lemonde.fr/archives/
André Jacquemin (1904-1992)
Peintre et graveur français né à Épinal en 1904 et mort à Paris en 1992.
André Jacquemin a été l’élève de Charles Albert Waltner (1846-1925) et de Jean-Paul Laurens à l’École des beaux-arts de Paris.
On lui doit près de mille estampes et de nombreuses illustrations de livres. Ses paysages, généralement tracés au burin sur cuivre, décorent les murs de nombreux musées de France et à l'étranger.
En 1928 il fonde, avec onze autres graveurs (dont Yves Alix, Amédée de La Patellière et Robert Lotiron), la Société de la jeune gravure contemporaine et obtient, en 1936, le grand prix national des arts, attribué pour la première fois à un graveur.
En 1937 il représente la gravure française à la Biennale de Venise et se spécialise dans l'illustration des éditions de luxe, avec La Colline inspirée de Barrès, puis les livres de Colette, Michelet, Gide et Brillat-Savarin.
De 1953 à 1974 il devient conservateur du musée de l'image et du musée départemental des Vosges à Épinal, où il organise notamment la section des images d'Epinal et celle de l'art contemporain qu'il illustra de trois Picasso.
Pendant plus de vingt ans il est membre du comité de rédaction du Pays lorrain.
Entre 1974 et 1980 il organise à Epinal avec l'aide de Maître Damoisy, commissaire priseur, d'importantes ventes de gravures tant anciennes que modernes.
En 1982 il est élu à l'Académie des Beaux-Arts et nommé président en 1989.
En 1991 il patronne l'année Callot (*) en pays Lorrain.
(*) Jacques Callot - né et mort à Nancy (1592-1635) - est un dessinateur et graveur, dont l'oeuvre la plus connue est une série de dix-huit eaux-fortes intitulée Les Grandes Misères de la guerre, évoquant les ravages de la Guerre de Trente Ans qui se déroulait alors en Europe. Il est considéré comme l'un des maîtres de l'eau-forte. Son style se caractérise par la netteté du trait et la profondeur de l'encrage, qui permettent de conserver une parfaite lisibilité à ses eaux-fortes, malgré le fréquent foisonnement des scènes et des personnages, sur des gravures de surface souvent restreinte. On doit à Callot plusieurs innovations qui permirent le plein développement de cet art, en particulier l'utilisation du « vernis dur ». C'est Abraham Bosse qui diffusa ces innovations, en publiant en 1645 le premier traité sur la gravure des eaux-fortes, qui sera largement traduit en Europe.
«Le grand graveur français, fils de nos provinces de l’Est a admirablement exprimé graphiquement la rare poésie du paysage lorrain qui connait sa plus grande beauté en hiver. Les vastes espaces neigeux des grandes routes tragiques et désertes, les ciels lourds de l’hiver ont été magnifiquement évoqués par André Jacquemin… » André Dunoyer de Segonzac