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Pierre LAVANCHY

(1911 - 1964)

 

 

 

Huiles de grands formats & dessins

En permanence à la galerie des Annonciades

 

 

Le Carrousel - huile sur toile - 130 cm x 100 cm

 

 Autoportrait - huile sur toile (38 x 34 cm) - 1940                                  Femme de profil - huile sur toile (39 x 31 cm)

 

Redécouvrir l'oeuvre peint de Pierre Lavanchy

 

Redécouvrir aujourd'hui l'oeuvre peint de Pierre Lavanchy ne se fait qu'avec un regard clairement ancré dans notre époque et c'est avec nos yeux d'aujourd'hui qu'il faut tenter de l'analyser. Il est vrai que la manière dont le public regarde aujourd'hui des tableaux n'est plus du tout la même que celle d'autrefois. Dans notre époque, ce sont des sentiments directs et intimes qui vont permettre aux personnes de dire si elles apprécient ou non une toile. Les représentations actuelles de la majorité des gens reposent sur des impressions plus axées sur du déjà-vu, des modes, des parti-pris journalistiques que sur une maîtrise et une connaissance de l'évolution de l'histoire de l'art.

Dans le pêle-mêle de la production artistique contemporaine, les critères de choix reposent souvent davantage sur des effets de modes, à quoi s'ajoute parfois la nécessité de se sentir appartenir à une coterie ! Ainsi, le goût des gens est dicté par les qualités professionnelles de certains galeristes, mais surtout par les expositions de masse d'importants musées, celles qui s'appuient sur des budgets colossaux et un marketing impressionnant. Il est toujours amusant de voir des foules se presser pour admirer des tableaux réunis dans une exposition prestigieuse et s'extasier devant eux, alors que, lorsqu'ils sont simplement accrochés aux cimaises de présentations permanentes, ils n'attirent pas le regard et suscitent l'indifférence.

En s'attachant à faire revivre l'oeuvre peint de Pierre Lavanchy, il s'agit tout simplement de permettre aux curieux de se rendre compte qu'un grand nombre de ses tableaux peuvent encore aujourd'hui déconcerter par leur caractère atypique. Au-delà des modes, la bonne peinture doit traverser les ans et, par voie de conséquence, susciter toujours de l'émotion. Méconnu de son vivant, incompris surtout, Pierre Lavanchy mérite aujourd'hui qu'on prenne le temps de regarder son travail, tel est l'objectif de cette exposition.

Patrice Allanfranchini

   

Pierre Lavanchy (1911-1964)

 

Pierre Lavanchy est né le 20 juin 1911 et décédé le 17 mars 1964 à l'aube, à l'hôpital de la Providence, à l'âge de 52 ans, à la suite d'une brève et cruelle maladie.

Depuis le décès de son père, l'ébéniste Gustave Lavanchy (1877-1948), il avait repris par piété familiale le magasin de meubles et d'étoffes de la rue de l'Orangerie No 4. S'il le dirigeait avec compétence et goût, sa vraie vocation était ailleurs : c'était un artiste d'une qualité extrêmement rare et dont la discrétion l'a tenu hélas éloigné des feux de la notoriété !

Dans sa notice nécrologique, Pierre-Louis Borel dit à son propos :

Enfant délicat, tendre et sensible il avait été atteint à l'âge de douze ans d'une encéphalite, et comme il arrive quelquefois, la maladie, en l'attaquant dans ses sources vives, l'avait précocement développé. Il eut une adolescence douloureuse et troublée, mais illuminée, transfigurée même par la découverte de la poésie et de la peinture."

Il puise dès l'adolescence ses influences en lisant André Breton, Jean Cocteau, mais surtout James Joyce qu'il est l'un des premiers à admirer en Suisse romande. Attiré dans un premier temps par l'écriture, autour de ses dix-huit ans, il pose sur le papier une sorte de « conte fantastique, à la fois tendre et sauvage, étrange et un peu fou, où vibre entre les lignes une poésie intense et fulgurante.» Paru en 1941 sous forme d'une plaquette d'une trentaine de pages des presses de l'imprimerie Richème, Perdu dans le temps est un récit qui aborde la pesante expérience des siècles. L'auteur, quoique fort jeune, offre un témoignage qui se tient en marge de la vie, pour porter sur elle un jugement lucide et désespéré. Lavanchy, dans un registre poétique surprenant, vu l'époque et l'état de guerre de l'Europe, narre le mélancolique itinéraire d'un fonctionnaire, Alexandre Levinski, dont le génie musical et une grande somme de travail lui valent une certaine notoriété. Cependant, celui-ci sombre dans la démence après avoir appris que son amie Valentine, une couturière, dont il était séparé, est devenue folle. Quant au narrateur de ce drame, un aquarelliste, il se donne aussi la mort.

(...)

Même si son écrit se veut un essai poétique qui cherche à capter dans les mots une certaine appréhension toute personnelle du Temps, malgré le fait qu'il se soit servi dans ce travail de ressources lexicales fort riches et d'une syntaxe élaborée, on lui reproche son manque de maturité spirituelle et intellectuelle. En fait, on le condamne parce que ces lignes toutes qualitatives qu'elles soient, ont été rédigées par un adolescent. Seule La Sentinelle lui reconnaît les qualités d'un poète qu'il essaie de confirmer en envoyant une nouvelle série de textes à Albert Béguin en novembre 1945. Celui-ci lui adresse une fin de non-recevoir. En juin 1946, il reçoit un nouveau refus de la part des Editions des Portes de France de Porrentruy dans une lettre signée Pierre-Olivier Walser. Ces échecs le poussent dès lors à se tourner et à se consacrer à sa carrière de peintre, dans laquelle il s'est fait remarquer, tout en étant qualifié de poète par les critiques. En se vouant à la peinture, sages, bien construits, bien structurés. Puis, retrouvant ses amours littéraires, il se laisse séduire par le surréalisme. Ce registre d'expression, entre peinture et poésie, s'avère le mieux approprié à sa nature, lui permettant de traduire « d'étranges itinéraires à demi incandescents, où l'âme se déguise, s'obscurcit, se perd et flambe à travers une forêt de symboles.»

Le monde des Salons d'Octobre

Toutefois, son entrée dans le monde pictural a été, comme en poésie, laborieuse, si l'on s'en tient aux critiques émises à son égard. En réalité, il n'a que peu exposé, si ce n'est dans les différents salons de la Société des Amis des Arts et une fois à Zurich en 1946. En revanche, il sera fidèle dès 1944 jusqu'en 1957 à présenter son travail aux Salons d'Octobre de la rue Louis-Favre No 4, chez Fernand More. Là, grâce à ce dernier, il va s'intégrer dans le petit groupe composé de Walter Wehinger, de Marcel North, de Charles Robert, de Daniel de Coulon et d'André Rosselet et évidemment de Fernand Morel, copains qui ont continué à se retrouver durant de nombreuses années une fois par semaine pour dessiner Jeannette, leur modèle attitré, même après la fin de l'aventure des Salons d'Octobre.

En 1944, alors que Lavanchy participe pour la première fois à la quatrième édition des Salons d'Octobre, Théodore Delachaux écrit à son propos :

Pierre Lavanchy nous intéresse par ses portraits au crayon travaillés comme des épures. Pour le grand format ils nous paraissent cependant un peu pâles. C'est un chercheur; mais il faut faire attention de ne pas chercher midi à quatorze heures ! Delachaux ressent l'ambiguïté de l'âme tourmentée de Pierre Lavanchy, qui, dans ces années-là, se cherche et hésite. Si ses premiers paysages sont réduits dans leurs tons et leurs gammes chromatiques, ils n'en demeurent pas moins structurés et élégants. Dans les oeuvres qui suivent, on le sent incertain, en quête d'un langage, même si la maîtrise technique est acquise. Pour sa part, Georges Redard dit : Il faut placer à part la production de Pierre Lavanchy. C'est d'abord un poète qui vit dans son monde à lui, monde qu'il évoque dans ses compositions d'une belle tenue et d'une très réelle originalité. Rien de facile du reste dans cet art, où l'allusion nous fait saisir le rêve, où l'esprit, plus que partout ailleurs, se fait matière et nous enchante. Et de cela, les portraits à la mine dure que Pierre Lavanchy nous offre sont le meilleur témoignage." Cette différence d'appréciation entre l'ethnologue et le linguiste est intéressante car elle témoigne de sensibilités d'approche différente. En réalité, Lavanchy peint depuis la fin des années trente sans oser montrer son travail.

L'année suivante, dans son compte-rendu du Ve Salon d'Octobre, dans la médiocrité qui l'emporte sur la quantité, George Redard, s'attarde plus longuement sur Pierre Lavanchy.

La personnalité de Pierre Lavanchy s'affirme toujours davantage. Il crée avec des éléments précis, humains une oeuvre qui est un émouvant hommage à toute la nature avec laquelle l'art n'a certes aucun commerce obligé, envers qui le peintre a contracté des dettes qui ne sont point d'imitation ni de servilité. « L'homme ne sait faire que de l'artificiel, note Jeanneret dans sa « Peinture moderne » ; cessons de trouver ce mot péjoratif mais au contraire, voyons-y, l'expression de la fin fatale de toute activité ». Qu'il ne doive rien y avoir là de péjoratif, l'oeuvre de P. Lavanchy en est la plus authentique garantie. Oeuvre de poésie pure, tissée d'exquises allusions, comme son « Poème » ; ou une orchestration puissante comme sa « Forêt » dont il fixe ici, inscrite dans une composition mouvementée, la subtile, fugitive et multiple image. A relever encore le « Jeu de mécanisme », où la technique du peintre est d'une netteté parfaite: couleurs resplendissantes dans leur pureté, traitées en aplats uniformément lisses et mats. Les portraits nous semblent moins heureux, qui allient de tels moyens à la recherche naturaliste; c'est un compromis, et l'art de Pierre Lavanchy ne souffre pas de demi-mesures.

(...)

Lors du Salon d'Octobre de 1947, Daniel Bonhôte écrit :

Pierre Lavanchy nous emmène dans un monde bien à lui ; il nous parle un langage subtil: ce ne sont que tons éclatants, arabesques et volutes d'un mouvement expressif. Interprétations très personnelles du sujet.

(...)

En 1949, dès le 15 octobre, il expose aux Galeries Léopold-Robert en compagnie de Trudi Kuhn et d'Henri Vaucher. Maurice Jeanneret, dans La Suisse libérale, s'exprime ainsi :

Aux côtés de ces deux peintres inspirés par la réalité, M. Pierre Lavanchy fait figure de révolutionnaire, car le surréaliste pur qu'il a été s'affirme encore. Cependant, aujourd'hui, il accuse un besoin réel qui n'est pas du recul, mais renouvellement. Ses deux dessins et ses portraits au crayon, qui ne vont pas sans vaillance ni libération, restent assez près du modèle. Et de même dans ses grandes compositions à teintes plates, où se joue plus d'arbitraire si l'objet est transcendé, il est loin d'être absent. Louons ce jeune peintre de s'abandonner à son imagination ! Ne craignons pas pour lui l'usage qu'il fait des découvertes de la peinture d'avant-garde ! Sans elles, aurait-il pu exprimer tant de rythmiques gestes de danse [...] ? Et surtout, M. Lavanchy est en pleine veine créatrice. Il semble moins mené en ce moment par des théories à la mode que par le besoin de donner le jour à tous les rêves qui le hantent. Il nous apporte déjà des résultats.

Toujours en lien avec cette exposition, c'est le compte-rendu de Melle Béatrice Hoffmann qui semble le plus pertinent.

Et nous voici dans la peinture de notre temps (on pourrait même dire : « de notre année » !) jusqu'au cou. Petit choc qui vous surprend. Prélude à la joie. Non qu'on me comprenne: l'art de Lavanchy n'est pas joyeux ni anedotique, c'est de voir avec quel courage il affronte - et résout - les problèmes picturaux actuels, qui nous réjouit. Ces toiles sont à la fois concertées et senties. Intelligence constructrice, qui bâtit et noue solidement ; exquise sensibilité dans le choix et la juxtaposition des couleurs.

En 1950, dans le catalogue du Salon d'Octobre, Pierre Lavanchy se présente avec cette anecdote :

Une dame visite le Louvre. On lui a vanté la magnificence de la Victoire de Samothrace. Elle la trouve bien mais elle est déçue tout de même. On lui en a trop dit, ce n'est pas l'unique, ce n'est pas la merveille. Ensuite, La Joconde. C'est trop ressemblant à ses reproductions. Ce qui prouve que l'extrême diffusion d'un chef-d'oeuvre nuit à celui-ci. Désappointée, elle se promène dans les salles de sculpture, d'où elle voit surgir le Milon de Crotone. Saisie, émerveillée, elle s'écrie : « Mon Alphonse ! » C'était exactement son mari, le ventre en moins. Ainsi, dans une exposition, ce que vous cherchez, vous ne le trouverez pas, ce que vous ne cherchez pas, vous le trouverez, mais, de grâce, n'y cherchez pas «d'Alphonse». Ce n'est ni ce que l'artiste a voulu dire, ni ce qu'il a voulu vous donner. Essayez tout de même de trouver le peu que l'artiste a bien mis de lui-même.

(...)

À propos de surréalisme, Neuchâtel est resté à l'écart du courant littéraire et artistique qui caractérise ce mouvement. Certes, il y a bien eu une conférence de Léon-Pierre Quint, au sujet du surréalisme en 1925. Mais l'orateur s'est davantage penché sur le Manifeste d'André Breton paru en 1924  que sur l'influence de ce mouvement en peinture. Si Breton définit le surréalisme comme étant un «automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée» et une «dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale», il est difficile d'y retrouver l'oeuvre peint de Pierre Lavanchy qui se cantonne beaucoup plus simplement dans un registre de pure poésie. Certes, certains tableaux invitent à l'imaginaire et au rêve. Toutefois, ils sont loin des oeuvres d'un Dali, d'un Tanguy, d'un Picabia. Certes, Lavanchy est parfois proche d'un Jean Arp mais en gardant toujours une indépendance qui le caractérise. Si la critique locale le range régulièrement parmi les Surréalistes, celle-ci témoigne en fait de sa difficulté à classifier l'oeuvre peint de Lavanchy, qui, sans conteste, déconcertait dans le petit monde pictural neuchâtelois. Cette mise à l'écart, due sans doute à l'incompréhension des critiques à son égard, l'a sans doute affecté et peiné. Il s'est sans doute senti proscrit, incompris, voire exclu, comme ce fut le cas pour son oeuvre littéraire.

Non-conformisme résolu et indépendance 

Ce sont ses amis Marcel North et Pierre-Louis Borel qui ont pris la parole le jour du vernissage pour évoquer son souvenir, insistant tous les deux sur des aspects différents de sa personnalité et sa mentalité. Sans se contredire et de manière complémentaire, ils se sont accordés pour décrire son non-conformisme résolu et son indépendance à l'égard de tout. L'oeuvre de Pierre Lavanchy révèle même un cas psychologique, affirme le chroniqueur de l’Impartial. Aux yeux des orateurs, l'exposition met en avant un Lavanchy surréaliste ainsi qu'un Lavanchy styliste et décorateur. Mais que ce soit d'un côté ou de l'autre, il y a un caractère qu'on lui refuse d'emblée, c'est celui d'être un réaliste. En effet, son art est inventif et à ce titre difficilement classable dans des écoles spécifiques. Il y a sans doute des influences, des réminiscences, des emprunts divers, mais que ce soit dans ses huiles ou ses aquarelles, sans parler de ses papiers grattés, on entre dans un univers de métamorphoses au gré des sinuosités et des contrastes anguleux qui s'enchevêtrent. L'originalité est de mise, donnant à l'ensemble des séries exposées, un caractère interpelant, voire désarçonnant pour les yeux de ceux qui n'arrivent pas à se laisser aller à la rêverie.

Certes cette exposition fonctionne comme une rétrospective de sa progression picturale, surtout dans ses lavis ou ses «papiers gravés», à savoir ses gouaches ou aquarelles sur un papier enduit au préalable d'une couche blanche, et grattées au trait par la suite. Celle qui a servi de modèle à l'affiche est intitulée Aridah, figure biblique de la fille de Jobab.

Et comme l'écrit le chroniqueur de La Sentinelle:

Il ne veut exprimer que la vibration de son être au contact des choses. Pour lui, une rue, c'est la hantise des façades écrasantes, une maison, l'évocation nostalgique de son passé, un paysage, l'énigme d'obscurs et mystérieux lointains.

(...)

Patrice Allanfranchini

Source : Extraits de la plaquette No145 de la Nouvelle Revue Neuchâteloise, printemps 2020

  

 

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