Défago Robert
(1914-2016)
Huile sur toile
Petit format
22 cm x 32 cm
En parfait état
Cadre d'origine offert
Oeuvres de peintres valaisans en vente sur notre site
Ref: 740-E29-19
Robert DÉFAGO (1914-1992), artiste peintre
Quand on dit de quelqu'un que c'est un autodidacte, il est fréquent que des sourires de commisération se dessinent sur les lèvres. Le peintre Robert Défago est pourtant un autodidacte et son oeuvre si riche force l'admiration.
Son exposition de Crans, durant cet été, lui valut des propositions fort alléchantes d'exposer en Hollande, à Genève et même aux Etats-Unis.
Que voilà une nouvelle bien réjouissante pour les amis de l'artiste, ainsi que ses nombreux admirateurs.
La fidélité paie toujours quand on a quelque chose à dire et qu'on s'applique avec patience et persévérance à bien transmettre son message. Innombrables sont, en vérité, ceux qui s'imaginent avoir quelque chose à dire au monde, mais combien peu nombreux ceux qui aboutissent. Car cela suppose la volonté de se ressaisir après les échecs et continuer, en se persuadant que le « meilleur », dans toute aventure humaine, se trouve au bout du chemin.
Robert Défago appartient au groupe plus clairsemé des entêtés. Même en étant né dans la partie la plus francophone du Valais, certains de ses enracinements doivent pénétrer plus en amont dans ce pays, s'il est vraiment démontré que les persévérants en quelque chose y trouvent place...
Ces considérations mises à part, Défago se classe dans une élite, et c'est ici qu'il convient de se réjouir.
La cinquantaine bien entamée, il pourrait nous dire, s'il avait tenu la comptabilité de sa persévérance, combien de toiles il a barbouillées et détruites, combien de fois il eut l'envie de brûler ses pinceaux et se faire manoeuvre ou bistrotier. Ce serait un éloquent inventaire, mais le tient-on quand la foi vous anime ?
Natif du val d'Iliez, Défago, à l'Ecole normale déjà, se sentait « mordu » par le dessin et la peinture. Sa voie n'en fut pas pour autant toute tracée. Car, à part le besoin de s'exprimer, il faut encore porter en soi un message à transmettre. Et ce message ne peut être une ou deux toiles, mais, en revanche, une longue maturation de la pensée, une lente et pénible conquête du métier. Si bien que, pendant des années, l'artiste œuvre dans l'ombre, la solitude et même l'incompréhension. De rares qualités s'acquièrent à cet exercice.
Aujourd'hui, Robert Défago, qui ne recherche aucun tapage publicitaire autour de son nom, peut être classé au nombre des bons peintres valaisans. A chacune de ses expositions, le succès grandit. Défago le mérite bien et on s'en réjouit. Cela est dû, en premier lieu, et il ne me parait pas inutile de le répéter, à la foncière honnêteté de l'artiste : respect du sujet traité, sans tomber dans le piège facile de la photographie ; respect également du public auquel il propose son travail ; maîtrise du coloris et constant souci de perfectionnement, ce qui n'exclut pas, pour autant, une certaine fantaisie. Equilibre des formes et des couleurs, adroite utilisation de l'espace disponible, telles me paraissent être quelques qualités maîtresses de l'œuvre du peintre montheysan.
A l'heure où tant de barbouilleurs donnent de ce pays les images les plus farfelues, il est consolant de rencontrer un artiste modeste et opiniâtre, sans cesse se
remettant sur le métier et donnant ainsi l'exemple d'une belle fidélité à un appel intérieur.
Les fleurs se sont épanouies, prometteuses de récolte. Voici maintenant venu le temps de la sûre moisson. Lente germination, mais combien est plus beau le temps de l'engrangement.
Robert Défago, par son souci de respecter le beau, sans se lier à un trop facile et trop dangereux folklore - piège de ce pays ! - mérite que son œuvre qui s'affirme suscite l'attention de tous ceux qui savent où réside le vrai secret de l'art.
Car si cet artiste devait passer inaperçu, il y aurait de multiples raisons de désespérer.
Jean FOLLONIER
Source : Le Confédéré No 246, octobre 1969.