Matthey Octave
(1888-1969)
Pastel à l'huile
Oeuvre non datée et non signée
En provenance de la famille du peintre
31 cm x 24 cm
En bon état
Cadre d'origine offert (passe-partout à changer)
Oeuvres d'Octave Matthey en vente sur notre site
Ref: 754-E61
OCTAVE MATTHEY (1888-1969)
Né à La Brévine,le 1er mars 1888. C'est ce jour-là, en effet que, comme il le dit, Octave MATTHEY, «en passant de la nuit maternelle à la lumière de Dieu», devint « un citoyen de l'univers ».
L'enfant apprit à lire, écrire et dessiner sur les genoux de sa mère, dès l'âge de trois ans.
En 1900, ses parents quittèrent ce village agricole pour le village industriel de Serrières. Il y suivit l'école où la note la plus basse qu'il obtint au certificat d'études fut celle du dessin ! Il en rejette la responsabilité sur le maître qu'il accusa de n'être pas peintre, mais décorateur, car il leur avait demandé de « décorer un triangle ». Or, dit-il encore, cela «n'a rien à voir avec le dessin » qui, selon Larousse, définit le dessin comme la « représentation au crayon, à la plume ou au pinceau, d'objets, de figures, de paysages, etc.».
A l'école secondaire, il eut un professeur de dessin, Walter RACINE, qui le guida de manière efficace. Les résultats obtenus le conduisirent ensuite à l'Ecole d'art de La Chaux-de-Fonds, où il travailla sous la direction de William AUBERT, M. STAEBLER et Charles L'ÉPLATTENIER, fondateur du « cours supérieur ».
Ses stages terminés, Octave MATTHEY partit à Munich (1910), où il travailla beaucoup à la bibliothèque et dans les musées. Il s'y familiarisa avec les mythologies orientales.
Un voyage d'études, sous la conduite d'Eugène FROMENTIN, mena O. MATTHEY en Allemagne, en Belgique, en Hollande pour se terminer à Paris où il séjourna pendant un an environ. Il y fréquenta les bibliothèques, les musées et l'Académie de la Grande-Chaumière.
1912. — Retour à La Chaux-de-Fonds où les choses avaient changé. Le « cours supérieur » était devenu les « Ateliers d'Art Réunis ». Sensible à cette «défaite», dit-il, il partit pour New York où il demeura jusqu'à la fin de 1914. Devenu soldat, il le resta jusqu'en 1918. Il eut alors l'occasion de peindre de nombreux portraits de soldats, de colonels et même du général WILLE, à Berne.
En 1916, il exécuta le portrait du conservateur du Musée d'histoire de Bâle, de sa femme et de sa fille; à La Chaux-de-Fonds, il fit celui de Paul DITISHEIM, de sa femme et de son fils; celui de l'avocat JEANNERET, qui, dit-il, ressemblait à un tigre; celui du pasteur PETTAVEL, de Jeanne PERROCHET, sculpteur. En 1919, il peint à Chaumont le portrait de Charles-Edouard GUILLAUME, Prix Nobel de physique.
1919. — Retour à Paris. O. MATTHEY fait partie des « Artistes indépendants ». Il expose en divers salons. Il fréquente les bibliothèques, les musées, les académies, les quartiers pittoresques, les quartiers mal famés, les filles, les pauvres, les clochards. Il fait quantité de portraits, comme celui de M. Gustave FAYET, grand collectionneur, qui possédait dans son château d'Igny un important ensemble de Van GOGH et de GAUGUIN. Il exécuta également le portrait d'Henri CHRÉTIEN, de l'Institut d'optique de Paris, astronome, inventeur du cinéma en relief, encore invisible pour des raisons financières. Entre autres portraits, il peint encore celui de l'historien Emile MAGNE, historien de Mme de LA FAYETTE, de Ninon de LENCLOS, de Nicolas POUSSIN. Parmi ces portraits, il faut mentionner ceux de la vieille aristocratie parisienne et française et ceux de la comtesse Bruno de BOISGELIN, la comtesse Jean de BOISLILE, de BELLEROY, de MUN, la princesse Lucien MURAT. Quelques-uns de ces portraits ont été reproduits dans l'« Illustration » de 1929 ou 1930.
O. MATTHEY a plus de mille portraits à son actif en Suisse, à Paris, à Metz, à Strasbourg, à Nancy, à Béziers, à New York, en Afrique, en Angleterre, en Suède, au Brésil.
1939. — Retour à Neuchâtel à cause de la Seconde Guerre mondiale. C'est dès ce moment qu'outre la réalisation de nombreux portraits il écrit « son journal ». Il couvre de nombreuses pages de ses réflexions, de ses « correspondances » à différents journaux, dont en particulier l'« Observateur », de Genève, qui publia ses articles à raison de un par mois. Il reconnut que ses écrits « lui valurent plus d'ennemis que d'amis ». En vérité, c'est un grand polémiste, un véritable bretteur qui fait siffler l'air ambiant, luttant contre « les vendus au dieu Mercure » ou ceux qui prétendent que « dessiner ce n'est pas copier, mais composer ». Pour lui, la plus belle définition que l'on ait donnée de cette activité (celle de peintre) pieuse entre toutes est « le but est d'imiter ce qui est, de faire aimer ce qu'on imite ». Définition que nous devons à Fromentin qui parlait excellemment et la langue de sa tribu et la langue universelle de la peinture. La connaissance de ces deux langues est absolument nécessaire pour parler intelligemment de la peinture. Et FROMENTIN donne du même coup une leçon de morale à ceux qui ont la prétention de gouverner les hommes en parlant pour ne rien dire et par le plus profond mépris de ce qui est, c'est-à-dire de ce que nous devons à Dieu !
Jean-Pierre Baillod
(Source: brochure du Grand-Cachot-de-Vent, 1974)