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Lamy Guy
(1914-2000)
1200,00 CHF
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Barraud Aurèle
650,00 CHF

Jacquemin André / Baillods Jules
"JURA" Exemplaire No 143

"La Cité du Livre", Le Locle 1952
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Description

OFFRE NOVEMBRE 2024 : 850.- francs au lieu de 1500.- francs

Exemplaire No 143 de la suite numérotée 21 à 169 tiré sur papier vélin à la cuve.

Ouvrage illustré de 34 pointes-sèches originales de André Jacquemin.

178 pages

Grand in-quarto sur de grands et beaux papiers, en feuilles, c'est-à-dire non brochées et non reliées, mais simplement réunies dans une couverture très sobre sur laquelle on ne lit que le mot Jura.

Dans un étui de carton fort

 

La Cité du Livre

La Cité du Livre est la Librairie coopérative du Locle et de La Chaux-de-Fonds

Cette oeuvre a reçu le Prix Schiller en 1947

Sans doute le plus bel ouvrage paru sur le Jura au XXe siècle.

Gravures d'André Jacquemin en vente sur notre site

Ref: D3

   jacquemin-andre 

André Jacquemin

(1904-1992)

Peintre et graveur français né à Épinal en 1904 et mort à Paris en 1992.

André Jacquemin a été l’élève de Charles Albert Waltner (1846-1925) et de Jean-Paul Laurens à l’École des beaux-arts de Paris.

On lui doit près de mille estampes et de nombreuses illustrations de livres. Ses paysages, généralement tracés au burin sur cuivre, décorent les murs de nombreux musées de France et à l'étranger.

En 1928 il fonde, avec onze autres graveurs (dont Yves Alix, Amédée de La Patellière et Robert Lotiron), la Société de la jeune gravure contemporaine et obtient, en 1936, le grand prix national des arts, attribué pour la première fois à un graveur.

En 1937 il représente la gravure française à la Biennale de Venise et se spécialise dans l'illustration des éditions de luxe, avec La Colline inspirée de Barrès, puis les livres de Colette, Michelet, Gide et Brillat-Savarin.

De 1953 à 1974 il devient conservateur du musée de l'image et du musée départemental des Vosges à Épinal, où il organise notamment la section des images d'Epinal et celle de l'art contemporain qu'il illustra de trois Picasso.

Pendant plus de vingt ans il est membre du comité de rédaction du Pays lorrain.

Entre 1974 et 1980 il organise à Epinal avec l'aide de Maître Damoisy, commissaire priseur, d'importantes ventes de gravures tant anciennes que modernes.

En 1982 il est élu à l'Académie des Beaux-Arts et nommé président en 1989. 

En 1991 il patronne l'année Callot (*) en pays Lorrain.

(*) Jacques Callot - né et mort à Nancy (1592-1635) - est un dessinateur et graveur, dont l'oeuvre la plus connue est une série de dix-huit eaux-fortes intitulée Les Grandes Misères de la guerre, évoquant les ravages de la Guerre de Trente Ans qui se déroulait alors en Europe. Il est considéré comme l'un des maîtres de l'eau-forte. Son style se caractérise par la netteté du trait et la profondeur de l'encrage, qui permettent de conserver une parfaite lisibilité à ses eaux-fortes, malgré le fréquent foisonnement des scènes et des personnages, sur des gravures de surface souvent restreinte. On doit à Callot plusieurs innovations qui permirent le plein développement de cet art, en particulier l'utilisation du « vernis dur ». C'est Abraham Bosse qui diffusa ces innovations, en publiant en 1645 le premier traité sur la gravure des eaux-fortes, qui sera largement traduit en Europe.

«Le grand graveur français, fils de nos provinces de l’Est a admirablement exprimé graphiquement la rare poésie du paysage lorrain qui connait sa plus grande beauté en hiver. Les vastes espaces neigeux des grandes routes tragiques et désertes, les ciels lourds de l’hiver ont été magnifiquement évoqués par André Jacquemin… » 

André Dunoyer de Segonzac

 


Un beau livre sur le Jura
Illustré par un grand artiste français


COOPÉRATION – 13 juin 1953, No 24


La Cité du Livre, qui est la Librairie coopérative du Locle et de La Chaux-de-Fonds, a édité et publié l'année dernière dans une édition de grand luxe une œuvre de Jules Baillods: Jura, qui avait reçu le Prix Schiller en 1947 et qui, dans cette, parure nouvelle, n'est ni plus ni moins qu'un monument de la bibliophilie romande.

Il s'agit d'un grand in-quarto tiré à un nombre limité d'exemplaires, imprimé à l'Imprimerie coopérative de La Chaux-de-Fonds sur de grands et beaux papiers, en feuilles, c'est-à-dire non brochées et non reliées, mais simplement réunies dans une couverture très sobre sur laquelle on ne lit que le mot Jura, le tout s'introduisant dans un étui de fort carton.

Ce livre mérite d'être célébré dans Coopération comme une réalisation coopérative, certes, mais aussi comme un chef-d'oeuvre de la bibliophilie suisse et romande. Il vient d'ailleurs de passer victorieusement et avec honneur le Concours du beau livre suisse 1952 devant un jury composé de spécialistes de l'imprimerie et des arts graphiques, sans oublier les représentants de la Société suisse des bibliophiles, tous techniciens ou amateurs qui ne laisseraient pas passer une faute de confection ou de goût.

Le Rocher-de-l'Echo, au bord du Doubs non loin des Brenets

A propos de goût, il me semble qu'en général le beau se paye facilement plus cher dans notre pays que le laid, à qualités de fabrication égales. Il y aurait une action de grande envergure à lancer pour faire triompher le beau partout au meilleur prix, et je crois ne pas me tromper en rappelant que le mouvement coopératif suédois l'a fait en Suède avec un grand succès.
Assurément, un très beau volume comme celui dont je parle, de notre Cité du Livre, n'est pas un produit de consommation courante. Il est réservé à quelques centaines d'amateurs seulement. Néanmoins, il a été vendu à un prix relativement modique pour un tirage de luxe de cette catégorie et sans qu'aucune concession ne soit faite aux artifices trop souvent vulgaires par lesquels on cherche de nos jours à se gagner une clientèle. C'est un exemple parfait de travail de qualité, d'un travail dont la rigueur esthétique a été aussi soignée que la précision technique.

Naturellement, il a fallu mettre le temps pour l'élaborer et le réaliser. Notre ami Charles Chautems, directeur de la Cité du Livre, s'y est voué pendant trois ans en marge de ses activités de libraire. Avec M. Charles Mechler, directeur de l'Imprimerie coopérative de La Chaux-de-Fonds, il a dirigé et suivi tout l'enfantement de cet ouvrage, le choix du papier et des caractères, la composition et l'impression du texte, la mise en pages, et surtout l'illustration - qui fait le prix de ce magnifique volume et qui ne fut pas une petite affaire.

En effet, le choix de l'éditeur ne s'était pas porté seulement sur un illustrateur français établi à Paris, il s'était encore arrêté à un mode de gravure, la pointe-sèche, qui donne à l'illustration une originalité, une sorte de griffure d'artiste (on parle bien de sa patte !) que n’offre pas du tout au même degré l’au-forte. Or, soit que notre pays n'ait pas de taille-douciers capables de « sortir » les pointes-sèches, soit que décidément Paris surpasse tout ce que l'on connaît ici pour ce genre de travail, le fait est que c'est à Paris que les gravures et l'impression des gravures eurent lieu pour ce Jura, chez le grand taille-doucier qu'est Georges Leblanc. Et il faut entendre M. Chautems parler des subtilités de ce métier, du prodigieux coup de main de l'ouvrier parisien commis au délicat travail du tirage des pointes-sèches pour comprendre qu'une oeuvre valable, durable, est celle peut-être où le maître de l'ouvrage ne craint pas d'affronter les pires difficultés. C'est bien ce qu'a fait M. Chautems. Il les même accumulées, et sa patience à les vaincre toutes est certainement le vrai secret de l'état de perfection dans lequel l'enfant, finalement, est apparu.

Les Petits-Ponts

Dans cette réussite je n'aurai garde évidemment d'omettre André Jacquemin, l'artiste français, le grand illustrateur, de ce « Jura ». Je l'ai gardé pour la bonne bouche. Grâce à lui notre Jura se trouve illustré, magnifié comme il ne l'a sans doute été dans aucun autre livre jusqu'à ce jour. En cherchant à caractériser la part du graveur dans ce volume, il me semble que c'est d'abord sa fidélité à notre Jura qu'il importe de souligner : solitude, simplicité, rigueur jurassiennes, terrible rigueur aussi de nos trop longs hivers, avec tout le poids du ciel sur les limites si courtes de nos horizons.

Et puis, ce qui me frappe dans les illustrations de Jacquemin, c'est la belle ordonnance, le lumineuse clarté française qu'apporte l'artiste à nos paysages, à nos pensées diffuses, confuses de Jurassiens romands, à notre langage embarrassé et quelquefois pâteux. Jacquemin, c'est l'art du mot propre dans la gravure, c'est le beau parler français tout bête comme celui de Péguy, ou celui des frères Le Nain, dans la peinture. Car il n'y a pas trace ici de la virtuosité du XVIIIe, de ce brillant qui tourne vite en fadaise et qu'on retrouve de nos jours, par exemple, chez Segonzac, d'ailleurs très beau graveur aussi et illustrateur de régions françaises combien plus rutilantes que notre Jura. Par comparaison, Jacquemin est plébéien, est roturier, est paysan, mais avec un inépuisable registre soit des rudesses de la terre, soit de ses infinies et poétiques tendresses.

André Jacquemin est né en 1904 à Epinal, dans les Vosges. C'est un pays très proche, et très proche parent, de notre Jura; ce qui explique que l'artiste se soit trouvé tellement à l'aise devant nos paysages. Il a été l'élève de Charles Waltner, un graveur membre de l'Institut, et du peintre Ernest Laurent. De 1922 à 1924 il a suivi l'Ecole des Beaux-Arts à Paris. Il a fait partie du groupe de la Jeune Gravure contemporaine et est sociétaire des Peintres-Graveurs dès 1931 et du Salon d'automne. Il a fait d'innombrables expositions de ses oeuvres dans les galeries de Paris, et à Strasbourg, Nancy, Epinal (il est encore conservateur du musée de sa ville natale).

Comme illustrateur, avant le « Jura » de la Cité du Livre, il était déjà coté comme un des « grands » français pour toute une série de magnifiques livres : « Colline », de Jean Giono; « La Naissance du Jour », de Colette; ses 85 eaux-fortes pour « La Colline inspirée », de Maurice Barrès (Bibliophiles franco-suisses) ; ses 168 pointes-sèches pour la « Physiologie du Goût », de Brillat-Savarin (Flammarion) et beaucoup d'autres.

En somme, si je reviens à notre « Jura », ce que je m'efforçais tout à l'heure de caractériser dans les pointes-sèches de Jacquemin c'est l'apport d'un style à notre vision particulière des paysages jurassiens. Et c'est ce style précisément qui marque l'ouvrage entier. Un style sobre, et même sec, mais qui fait de chaque image un paysage classique. C'est fait avec une étonnante économie de moyens et les meilleures, entre toutes ces illustrations, ce sont, je crois, celles où la neige laisse de grands blancs sur lesquels s'inscrivent juste une barrière de fils barbelés au premier plan, une ferme dans la combe et, au fond, le dos redoutable d'un mont sous un bout de ciel opaque. Le style de Jacquemin devant ces solitudes, ce n'est rien de grandiloquent, c'est au contraire l'égalité d'humeur qui laisse à peine transparaitre que quelque chose de tragique sourd par là ou pourrait fondre sur ce repos de la terre. Mais cet « à peine » est si puissant qu'il enlève le morceau, et le fait vivre, et peut nous faire rêver à l'infini sur une seule des images de ce « Jura » Pouvoir magique de la mesure qui est peut-être la plus belle qualité du génie français !

Lucien de Dardel

Cette fidélité presque inquiétante...

Je ne crois pas que nous ayons jamais eu, en Suisse romande, un livre de la qualité de celui qui nous occupe aujourd'hui.

André Jacquemin a fait ici une grande œuvre parce qu'il a trouvé dans notre Jura les éléments essentiels pour son exaltation, les éléments qu'il a appris à aimer dans ses Vosges natales, amplifiés et durcis. Si Jacquemin n'avait pas aimé sentir sommeiller sa terre sous une mince couche de neige, il n'aurait pu, dans son oeuvre nouvelle, rendre avec cette fidélité presque inquiétante les jeux de la neige dans ces vallons et ces prairies du Jura.

Ce que j'ai toujours admiré le plus chez Jacquemin c'est l’emploi qu'il fait de ses blancs en fonction des noirs durs, mais subtils de son trait. Il rejoint dans cette œuvre nouvelle les grands paysagistes graveurs de son pays. Il comprend et il aime ce Jura comme Méryon aimait Paris, ou Segonzac son Morin ou sa Provence. Il marque sa terre de sa griffe : Corot, Cézanne, Van Gogh... Première neige, quelques sapins, deux arbres décharnés, un ciel plombé, c'est le Jura, mais c'est maintenant un Jacquemin.

C. P., clans « Art-Documente » (mars 1953)

« Écolier du grand Rembrandt... »

Qui n'a vu Jacquemin, pédalant, le nez au vent, chargé de son matériel, à la recherche du motif, le long des routes de Lorraine et des sentiers d'lle de France ; s'accroupir au pied d'un arbre, au flanc d'un coteau, et attaquer directement sa plaque, le front illuminé par le chaud reflet d'un cuivre: celui-là ignore ce que c'est qu'un descendant de Jacques Callot...

De là cet air, de là ce souffle, cette atmosphère de nuages et de vent qui se respire entre les feuilles noircies par André Jacquemin. De là, sa passion des lointains, des horizons mouvants ou rectilignes, de ce recul, si lucide, des campagnes françaises, que seule peut rendre la ligne, le trait de la pointe aiguë...

« Humble écolier du vieil Homère... » a dit Mistral. De Jacquemin, disons : « Ecolier du grand Rembrandt », du maitre des profondeurs, de l'homme des horizons.

Maximilien Vox dans « Caractère, le magazine de l'imprimé » (septembre 1949)

C'est le Jura tout entier, pays grave...

UN grand artiste est partout chez lui et l'art du graveur qui, plus que tout autre peut-être, nous restitue la légèreté de ce monde et le poids des éléments qui le composent, épouse comme sans effort les variations de la nature.
Quelques herbes frêles, dont les tiges découpées au ciel semblent, matérialiser le passage du vent, servent de contrepoids a quelque immensité de terre et de roche. C'est dans ce filet de tiges et d'épis qu'André Jacquemin semble prendre au piège ce que nous appelons un paysage.

Parfois, les tiges, et les épis deviennent les troncs de quelques sapins ou le mur et la toit d'une ferme solitaire ou d'une cabane de la montagne. L'oeil du graveur est un outil plus aigu que son burin. Il découpe le monde avant de l'inciser sur sa plaque de cuivre.

Son style est d'abord fait du choix par lequel il sépare ce qui sera dit et ce qui restera dans les grandes zones de silence ouvertes entre ces noirs et ces blancs, qui lui servent de langage. Quand il a fait ce choix, il peut nous parler, car il a quelque chose dire.

Pour qui regardera ces très belles planches, il apparaîtra, sans doute, que Jacquemin n'avait pas seulement à nous communiquer ce qu'il a choisi de retenir à notre. intention, mais que, par-delà ce qu'il nous fait voir, c'est le Jura tout entier, pays grave où la gravité devient une des formes de la joie, qu'il fait revivre sous nos regards.

André Chamson, conservateur du Petit Palais, Paris

 

 

 

 

 

 

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