Les moines et le vin Peintures du XIXème et début XXème siècle Du 4 juillet au 26 juillet 2015 Galerie des Annonciades 10 rue du Quartier CH-2882 Saint-Ursanne Ouverture : du vendredi au dimanche de 14h00 à 18h00 Le vin est synonyme de fête, d'ivresse, de convivialité. L’histoire de la vigne et du vin se confond avec l'histoire de l’humanité. La vigne et le vin ont représenté un élément important des sociétés, intimement associés à leurs économies et à leurs cultures. À la chute de l’Empire romain, l’Église maintient dans ses diocèses, la culture de la vigne et du vin, et répand sa commercialisation. Le vignoble s’étend alors en Europe, aidé en cela par l’extension des ordres monastiques. Le roi hittite Warpalawa offrant une grappe de raisin au dieu Tarhunta. Les mots et les premières légendes du vin (source: Wikipédia) Il est établi que le mot grec οίνός, qui donnera vinum en latin par l'intermédiaire de l'étrusque, appartient à la famille indo-européenne et remonterait à la racine *wVn qui a donné par exemple inu en akkadien, wiyana en hittite et wo(i)-no en mycénien. Les langues sémitiques l'auraient emprunté sous la forme *wayn dont dérive yn en ougaritique et ynn en hébreu judaïque. L'origine du vocable est donc probablement l'Anatolie et le Caucase où, sur les pentes du Mont Ararat, la Bible fait planter à Noé ses premières vignes après le déluge. Le souvenir de cette origine ultramontaine de la viticulture s'est perpétué à travers l'épopée de Gilgamesh, récit vieux de quatre mille ans. Dans la version akkadienne, dans sa quête de la vie éternelle, le roi d'Uruk rencontre à Dilmun Siduri, la «cabaretière» qui prépare de la bière dans des cuves en or. Dans la version hittite de l'épopée elle devient «la femme du vin», celle qui le fabrique et qui le vend. Les archives mésopotamiennes, attestent que, dans le pays entre les deux fleuves, le vin est toujours perçu comme venant d'ailleurs, des «montagnes», d'Arménie et de Syrie. À Babylone on le nommait «bière des montagnes» (šika šadî) et le plus ancien texte mentionnant le vin en Mésopotamie est une inscription du roi Lagash Urukagina datée vers 2340 av.J-C dans laquelle il indique avoir fait construire une «réserve à bière abritant des jarres de vin de la montagne». Le vin est alors un bien de prestige, réservé aux dieux et aux princes et peut constituer une récompense comme dans le récit babylonien du Déluge dans lequel Uta-Napishtim en régale les ouvriers qui ont construit le navire. Le Code d'Hammurabi prévoit le supplice du bûcher pour les prêtresses qui ouvriraient la porte des réserves du temple. Chez les Hittites la vigne, symbole de vitalité et de fécondité, était associée au rituel de fondation des nouveaux palais, de purification des villes et des maisons après les funérailles ou de libation. Dans la mythologie le vin est présent à l'instar d'Ullikumi qui boit du vin doux et d'Astarté qui tente de décourager Baal d'aller à la maison d'Asertu pour y boire du vin. La production de vin hittites est connue par les tablettes de Hattusha. Désigné par le terme wiyana en langue hittite et GEŠTIN dans les sumérogrammes, le vin peut être rouge (SA GEŠTIN), blanc (KÙ.BABBAR GEŠTIN), bon vin (DUG.GA GEŠTIN), miellé (LÀL GEŠTIN), nouveau (GIBIL) ou piqué (GEŠTIN EMSA). Le terme GEŠTIN, qui signifie littéralement «arbre du vin», indique que les mésopotamiens ont d'abord connu le produit (le vin) grâce au commerce et seulement ensuite la vigne. Ce terme signifie également «arbre de vie», préfigurant ainsi la dualité vin/vie qu'on retrouvera tout au long de l'histoire avec les mythes dionysiaques puis dans la religion chrétienne. Dans la civilisation hittite, le vin est consommé généralement coupé d'eau, parfois additionné de miel ou d'huile. L'association des mots KAŠ.GEŠTIN, littéralement la bière-vin, pourrait indiquer l'utilisation du vin comme base fermentaire pour un produit élaboré à partir de céréales, d'huile, de fruits et d'épices. La loi punit les dommages occasionnés aux vignes, ordonne de clore les parcelles et prévoit des compensations en cas d'incendie. Enfin, il semble que la production locale était insuffisante de sorte que le royaume devait s'approvisionner en Cilicie, à Karkemish et Ougarit. Dans l'Avesta, le récit de la mythologie perse raconte la légende du chah Jamshid qui fait tuer un serpent attaquant un bel oiseau. L'oiseau sauvé le remercie en laissant une petite graine qui donne naissance à la vigne. Les baies de raisin sont stockées dans des jarres mais la fermentation fait mousser le raisin et lui donne une étrange odeur : supposé alors toxique, les jarres sont mises à l’écart, marquées comme poison. L’une des femmes de son harem, négligée puis bannie, veut se suicider en buvant une de ses jarres (autre version : c'est une servante du palais qui, souffrant de trop, s'y jette). Le breuvage délicieux lui redonne la gaité (autre version : elle est guérie). Ayant fait goûter au chah le nectar, elle retrouve les faveurs de la Cour. Jamshid décrète que toutes les vignes de Persépolis seront dorénavant dédiées à la fabrication du vin. En référence à cette légende, le vin en Iran est encore appelé Zeher-i-khos, le «poison agréable» Le vin au Moyen Âge À partir du IVe siècle, le christianisme concourt au renforcement de la valeur attachée au vin, prenant la relève d'un Empire romain anéanti. La liturgie de la communion sous les deux espèces (le pain et le vin) pratiquée jusqu’au XIIIe siècle, est l’un des moteurs du maintien de la tradition viticole. Le Moyen Âge se fait le témoin des progrès de qualité du vin. Alors que les vins de l’Antiquité étaient coupés d’eau et agrémentés d’herbes et d’aromates, le vin sous la forme que nous le consommons aujourd'hui, apparaît au Moyen Âge. L’expansion de la civilisation chrétienne est à l’origine de l’expansion de la viticulture dans le monde. En 800, Charlemagne prend des mesures pour améliorer la qualité du vin dans une ordonnance qui précise: «Que nos intendants se chargent de nos vignes qui relèvent de leur ministère, et les fassent bien travailler, qu’ils mettent le vin dans une bonne vaisselle et qu’ils prennent toutes les précautions pour qu’il ne soit gâté d’aucune manière.» Mais les véritables dépositaires de la qualité sont les moines qui perpétuent la tradition viti-vinicole. Les cathédrales et les églises étant propriétaires des vignobles, sous couvert de l’activité du «vin de messe», les moines gèrent de nombreux vignobles monastiques, contribuant ainsi à la création de vignobles de qualité existant encore aujourd’hui. À la fin du xe siècle, Bordeaux, seule région viticole à ne pas être sous influence de l’Église, commence à se développer. Le duché d’Aquitaine, uni à la couronne d’Angleterre, remplit les flottes anglaises de clairet dont les Anglais raffolent. Le vignoble bordelais prend son véritable essor à la fin du xiie siècle. Au début du xiie siècle a lieu un acte très important pour le vignoble de Champagne : l'établissement de la grande charte champenoise par laquelle Guillaume de Champeaux, évêque de Châlons-sur-Marne, confirme les domaines agricoles et viticoles de l'abbaye Saint-Pierre-aux-Monts. Cette charte est considérée comme l'acte fondateur du vignoble de Champagne. Progressivement les goûts évoluent et les vins capiteux sont délaissés pour des vins plus clairs et plus légers. Le vin fait l’objet d’une véritable bataille commerciale dans laquelle les différents vins affirment leur personnalité. S'il est difficile d’imaginer le goût des vins médiévaux, l'on peut supposer au vu des techniques employées, que les vins actuels en soient proches, le premier classement de crus jamais effectué consacrant en 1224 des vignobles encore réputés aujourd’hui. Pendant toute la période du Moyen Âge, la France est le premier exportateur de vin. Paris et l'Île-de-France sont le plus grand vignoble de France, qui approvisionne les villes, grandes consommatrices de vin. Le vin rouge ne s'est développé, en France puis en Europe, qu'à partir du XIVe siècle. En effet, jusqu’alors les vins les plus appréciés étant blancs et rosés. Le rôle joué par la Cour pontificale d’Avignon dans cette mutation de goût fut essentiel, le vin de Beaune descendant plus facilement vers le sud par l’axe Saône/Rhône, tandis que pour atteindre Paris, il devait traverser le Côte en charroi jusqu’à Cravant pour rejoindre l’Yonne.
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